A voir le nom de son amoureux(se) inscrit dans sa chair est considéré par certains comme le plus beau témoignage de la force d'une relation. Mais ne serait-ce pas encore mieux de pouvoir prendre un tel engagement sans que ce soit "pour toujours"? Une nouvelle encre offre cette possibilité.

Le colorant attendu cet automne dans les salons de tatouage aux Etats-Unis va ouvrir une porte de sortie -plus rapide- à ceux qui souhaitaient recourir à cette technique artistique tout en s'interrogeant sur les regrets qu'ils pourraient nourrir par la suite. L'encre permanente mais détachable est mise au point en emprisonnant du colorant dans des capsules microscopiques qui vont rester dans la peau une fois pour toutes. Cependant, au cas où l'on se lasserait du tatouage, il peut être effacé par un seul traitement au laser plus simple et moins douloureux que les techniques d'aujourd'hui.

Cette idée a été développée à la fin des années 1990 par Rox Anderson, professeur en dermatologie de l'Université de Harvard, qui a fondé la société Freedom-2 basée à New York en 1999 pour lancer le produit sur le marché. Cinq ans plus tard, Anderson a contacté Edith Mathiowitz, professeur en ingénierie et sciences médicales à Brown University. Sa spécialité? Les microcapsules renfermant médicaments, ADN, hormones et insuline dans des polymères plastiques, qui contrôlent le temps et le taux de diffusion des substances dans le corps. Certaines molécules sont destinées à être libérées lorsqu'elles sont exposées à la chaleur, aux ultraviolets ou aux ultrasons.

Partant de cette technologie, Edith Mathiowitz a enfermé des pigments de couleur dans des perles microscopiques enrobées d'un plastique sûr et biodégradable. S'il est possible de faire disparaître les tatouages ordinaires à l'aide de laser, la technique peut coûter plusieurs milliers de dollars (euros) et exiger généralement de sept à 15 séances. Avec chaque traitement conventionnel au laser, le colorant est mis en morceaux jusqu'à ce que les fragments soient suffisamment petits pour être emportés par le système sanguin, habituellement dans les ganglions lymphatiques.

Mais les particules d'encre Freedom-2 présentes dans les petites perles sont déjà suffisamment petites. En un seul traitement au laser, les polymères "brûlent", et les fragments sont libérées et chassés naturellement du corps, précise Edith Mathiowitz. "Le regret est un mot fort, mais il y a des gens qui sont parents ou exercent un métier où ils ne veulent pas montrer leur tatouage", explique Martin Schmieg, président de Freedom-2, observant qu'il arrive que "la forme d'expression dont vous étiez fier par le passé ne corresponde plus maintenant" compte tenu de changements intervenus dans votre vie.

Au Bambu Tattoo Art Studio de Providence, le tatoueur George Dietz se dit sceptique quant à la durée de vie de l'encre et confie qu'il ne l'utilisera probablement pas quand elle sera disponible. Pour lui, c'est très simple: "Si les gens ne veulent pas quelque chose de permanent, ils ne devraient pas se faire tatouer."